Vigneron Blog

Couleurs d'automne

  Quelques parcelles de Syrah encore à vendre dont celle qui illustre cette note plantée en 1996.

Les photos sont du 14 novembre et comme vous le constaterez en les agrandissant (cliquez dessus) les feuilles qui habitullement tombent à la première gelée dans la première quinzaine de ce mois sont toujours là.

L'automne particulièrement doux en Roussillon cette année nous incite à la balade dans ce paysage de vignes, un véritable Pachwork aux couleurs chaudes du jaune fluo au rouge le plus violent des carignans noirs.

Les travaux dans les vignes reprennent lentement, nous attendons la chute complète des feuilles pour débuter la taille. Celle-ci occupe lesvignerons du 15 novembre aux premières semaines du mois d'avril. Entre 300 et 400 pieds taillés en 7 heures de travail journalier sur les 4000 pieds que comporte  1 hectare.

Le sécateur électrique  beaucoup moins fatiguant à remplacé les ciseaux à deux bras et les sécateurs pneumatiques embarassants avec leur tuyaux, et le compresseur indispensable.

Les sécateurs électriques remarquablement performants maintenant permettent une journée de taille sans recharge de la batterie. Ils sont onéreux à l'achat, fragiles et parfois dangereux pour l'utilisateurs mais évitent la plupart des tendinites classiques en début de saison.

La taille de février en Champagne

Un site à découvrir et une Vidéo qui illustre bien le travail du vigneron pendant toute la période de la taille. Chez nous en Roussillon, la taille débute vers le 11 novembre après la chute des feuilles et se termine fin mars.  Dernières vignes taillées:  les Grenaches en raison de la "COULURE" fréquente sur ce cépage. On désigne par coulure la non fécondation des fleurs et donc, dans ce cas, l'absence de fruit.

Nous n'utilisons pas les sièges astucieux et mobiles comme en Champagne, tout simplement à cause des cailloux qui tapissent le sol, dommage!

par contre, la plupart des tailleurs délaissent le sécateur classique, celui qui est utilisé en champagne, au profit du sécateur électrique bien moins fatigant pour 7500 à 8000 coupes par jour.

La taille / décembre - Champagne Roederer
par TAC_CREATIVE

Comment utiliser les sarments pour le chauffage?

Lors de la taille dans les vignes palissées, les sarments sont disposés sur le sol, un rang sur deux comme sur la photo ci-contre pour être ramassés ou broyés à la machine.

Depuis longtemps je regrette de devoir bruler tout ce bois sur la vigne, le volume est important et on estime le poids à 1000kg./hectare en moyenne.

Autrefois, dix ans à peine, les femmes ramassaient les sarments, faisaient des fagots, portaient ceux-ci en bout de rang pour les bruler le plus souvent. Heureusement cette période est révolue, les femmes ont mieux à faire d'autant plus qu' il fallait compter environ 25 à 30 heures/hectare pour ramasser et bruler les sarments.

Maintenant soit on utilise un ramasse sarments derrière le tracteur, soit on dispose d'un broyeur à marteau ou un broyeur hors sol. Le broyeur présente l'intérêt de permettre l'enfouissement des débris dans le sol apportant ainsi de l'humus, d'un autre côté les maladies des sarments restent présentes dans le sol et je pense que le mal est plus grand que le bien.

Depuis peu de temps des machines nouvelles nous sont proposées, intéressantes dans leur principe car elles permettent de conditionner les sarments pour servir de bois de chauffage. Malheureusement ces machines très encombrantes et fragiles présentent bien des inconvénients:

• lenteur du travail
• encombrement derrière le tracteur,
• Difficultés de réglage,
• Prix prohibitif.

Il me semble que l'on pourrait concevoir une machine qui cumulerait les avantages du ramasse sarments:

• Rapidité du travail,(1 heure/hectare)
• Cout réduit du ramasse sarments,
• Robustesse,
• Efficacité,

... et la capacité de transformation en bois de chauffage.

Une suggestion aux concepteurs de machines:

Ne pourrait on pas concevoir une sorte de machine combinée; ramasse sarments et broyeur en granulés?

J'imagine un ramasse sarments qui contiendrait, pour le transport, dans l'espace réservé aux sarments une sorte de broyeur de végétaux à moteur indépendant que l'on poserait en bord de vigne et dans lequel on déverserait le contenu du ramasse sarment pour les transformer en granulés ou en petits morceaux compatibles avec les exigences d'un chauffage automatique.

Cet appareil présenterait de multiples avantages:

• Moindre encombrement que les machines actuelles = facilité de passage dans les rangs,
• Plus grande rapidité: 5Km/heure et non 2KM/H.
• Faible cout de l'investissement. ( voir cout des broyeurs de végétaux)
• Facilité de conception,
• Cout de maintenance beaucoup plus faible.

J'espère que cette suggestion sera retenue par les élèves ingénieurs qui réfléchissent sur cette question

Fin de taille!

Nous terminons la taille, enfin. Il reste 2000 pieds sur une plantade de grenache noir. Ensuite il faut abaisser les fils de palissage, attacher la vigne en commençant par les 5500 pieds de la plantade que nous ébourgeonnerons en meme temps. Pour la taille de formation que nous réalisons en ce moment, en travaillant vite on taille 120 pieds/heure. pour ébourgeonner et attacher, au minimum trois attaches plastique, je ne sais pas encore mais certainement le double du temps de taille au moins.

Le sécateur électrique pour moins de fatigue

Le progrès technique nous permet maintenant de tailler la vigne avec un peu moins de fatigue et plus du tout de tendinite aux avants bras. Le sécateur électrique remplace progressivement les équipements pneumatiques qui exigent un compresseur et surtout des tuyaux encombrants. jusqu'à présent les batteries classiques équipaient cet outil, nous portions en quelque sorte une ceinture de plomb qui finissait par peser lourdement après quelques heures de travail. Surtout ces batteries ne permettaient pas de travailler une journée, il fallait recharger à l'heure du repas et changer la batterie assez rapidement après trois ou quatre saisons.
Cette année PELLENC propose un sécateur équipé d'une batterie au Lithium-ion assurant plus de 2 journées de travail, moins encombrantes, pesant à peine plus d'un kilo. Une petite merveille d'un prix excessif: 1250€ H.T.
Bientôt ces outils nous viendront de Chine, à n'en pas douter, pour un prix bien moindre.

En attendant...

Plus que quelques jours et nous pourrons commencer à tailler. Nous attendons pour cela que les feuilles soient tombées. Un coup de gelée blanche à bien grillé le feuillage sans nous laisser beaucoup de temps pour admirer la bauté du camaïeu des vignes à l'automne. D'habitude, la sève descend lentement avec la fraicheur de l'automne mais cette année c'est différent. Après des jours de fortes chaleurs, brusquement le froid vif est venu. Durant ces fortes chaleurs, la vigne avait tendance à repartir, les feuilles bien vertes et nous n'avons eu ce patchwork de couleurs éclatantes, le plus souvent.
Il suffira maintenant d'un bon coup de tramontane pour débarasser la vigne de tous feuillage nous donnant la visibilité necessaire pour la taille.

La taille est terminée!

On a beau aimer la vigne, la fin de la taille est perçu comme une délivrance. On est toujours un peu en retard et les dernières vignes à tailler paraissent trop longues à terminer. Bref, c'est fini pour cette année mais il faut trés vite continuer le desherbage dejà entamé, mettre l'engrais, préparer les plantations pour achever celles-ci avant la fin mai. C'est la course avec la Nature qui reprends vie après un hiver inhabituellement long cette année.

    Les cèpages précoces comme le Muscat petits grains ou la Syrah sont maintenant au stades B, C, et D pour 10 % des bourgeons. Pourtant la nuit est encore trés froide avec une température qui voisine le zéro. Gare au gel des bourgeons, surtout au stade D (sortie des feuilles).

Histoire de taille

Enfin du beau temps, un peu froid encore, mais le vent est moins violent et le soleil chauffe mémé si le fond de l'air est frais. Pour vous faire apprécier, voila le Canigou aujourd'hui.         

Eh oui! toujours la taille... au moins jusqu'au 10 avril. Pourvu que la vigne ne "débourre" pas trop vite et que le temps ne soit pas trop chaud. Pour avancer plus vite nous avons fait appel à la prétailleuse qui avance bien le travail en coupant les sarments ce qui évite de les tirer des fils. Autre avantage, inutile de ramasser les sarments coupés menus.    

Recèpage:Pour être plus complet sur la taille, je dois vous parler du recèpage. Nous palissons des vignes qui jusqu'à présent étaient en gobelet. C'est un travail très important, long, difficile. Il faut couper tous les bras du gobelet et conserver un ou deux sarments pour former la vigne en cordon. Ne pas oublier de protéger les plaies de taille par du mastic ou au moins un désinfectant.

Admirez le résultat:

Prix de revient de la taille

La taille représente une part très importante des travaux d'entretien de la vigne. Pour la campagne 2004/2005, l'estimation du coût de la taille pour un hectare est détaillée dans le fichier Excel :Download prix_revient_taille.xls -Si vous n'utilisez pas EXCEL, voici le tableau dans le format PDF. (Adobe acrobat reader) Download prix_revient_taille.xls.pdf

On peut estimer  la taille et le regroupement des sarments sur les passages du tracteur à un coût de 650 à 700€ pour un hectare.

En fait, le coût varie suivant le mode de conduite de la vigne. Il varie selon que la vigne est taillée en Gobelet, en Cordon de Royat ou en taille Guyot. L'âge de la plantation et sa productivité ne sont pas non plus sans conséquences. Sur mon exploitation nous taillons en moyenne 62 pieds à l'heure, plus d'un pied à la minute. Chaque cep représente entre 18 et 25 coups de sécateurs, le ramassage des sarments, le déplacement au pied suivant quand il ne faut pas aller poser les sarments sur le passage du tracteur. L'ouvrier est payé en net:7,20€ de l'heure, y compris les congés payés. On comprend qu'il soit difficile de trouver de la main-d'oeuvre à ce prix compte tenu de la pénibilité du travail, du rendement indispensable, des conditions climatiques de l'hiver.

Des outils pour la taille

Pour être un peu plus complet, voici quelques photos d'outils bien pratiques pour rendre le travail de taille plus rapide, moins fatiguant, plus efficace.

Le sécateur automatique: Depuis plus de vingt ans, les grandes propriétés utilisaient des sécateurs pneumatiques. Un compresseur à l'arrière du tracteur, deux ou quatre longs tuyaux qui distribuent l'énergie pneumatique aux sécateurs. Ces outils ne sont pas progressifs, quand on appuie sur le bouton, on déclenche la coupe du sarment mais quelquefois des accidents arrivent. Les tuyaux limitent la mobilité du tailleur. Ce système est progressivement abandonné au profit du sécateur électrique branché sur batterie d'accumulateurs individuels.

Le sécateur électrique: Encore cher à l'achat et en entretien, il est devenu parfaitement fiable et assure avec une seule batterie une journée de travail. Relativement léger, tenant bien en main, progressif comme un sécateur traditionnel, le sécateur électrique connaît un grand succès. Quelques inconvénients tout de même: Le diamètre de coupe est limité en général à trois centimètre, il ne doit pas servir à couper des bras morts, il faut changer la lame et quelques pièces d'usure tous les ans. Enfin le prix de cet engin tourne autour de 1200€.

Le ramasse sarments: Dans le Roussillon, les femmes travaillaient à la vigne pour le ramassage des sarments, à la main et pour les vendanges. On comptait environ 25 à 30 heures de travail pour ramasser les sarments sur un hectare. Quelquefois on brûlait les sarments sur place, dans un foyer sur roues.

Aujourd'hui, deux outils tractés permettent de ramasser ou mieux de broyer les sarments. Les broyer présente l'avantage d'améliorer la structure du sol par enfouissement. Par contre, les maladies cryptogamiques sont favorisées par la présence des vieux sarments. Le ramasse sarments est rapide, il prend à chaque passage jusqu'à 150 Kg de sarments que l'on brûle ensuite.

Le Broyeur de sarments, à marteaux ou hors sol évite le travail de brûler ces déchets qui sont laissés en place pour améliorer la structure du sol et recréer de l'humus dont les vignes ont bien besoin.