Impressionnants les commentaires! En particulier celui de FRANCK. Mais tout de même après avoir consulté mes livres je dois rappeler que l'oidium est apparu en France en 1845 et qu'il provoqua la chute de production et la ruine des vignerons en 1854, les récoltes chutant de 45 millions d'hectolitres en 1850 à 11 millions en 1854.
Pourtant, à cette époque l'entretien des vignes était tout ce qu'il y a de plus "BIOLOGIQUE" on découvrait, juste les bienfaits du soufre!
il me parait donc peu vraisemblable que certaines régions n'aient pas souffert de l'oidium jusqu'à une période récente surtout le Chardonnay classé cépage très sensible.
Pour le soufre: je n'imagine pas un traitement à 6 kilos/hectare ni même à 10 ou 12 en dehors d'un premier traitement au soufre sublimé dans des conditions favorables de température: 25° à 30°.
Le manuel de viticulture de 1882 préconisait dejà à l'époque l'utilisation de 85 à 100kilos/hectare en trois traitements ( 15, 30, 40Kgs.).
Avec les techniques modernes de poudrage je diminue considérablement ces volumes mais pas autant que Franck, malheureusement.
Cette année, pour moi, le problème c'est une Météo inadaptée à la protection des vignes contre l'oidium: Vent fort, température trés variable, humidité.
Il me semble que IRIS soit plus réaliste, en tous cas ses méthodes de lutte sont assez semblables aux miennes si ce n'est qu'il m'arrive, rarement, d'utiliser un IBS (SYTHANE) quand vraiment je ne peux faire autrement. Je sais, les IBS provoquent des phénoménes de résistance et j'en évite l'utilisation et la limite à deux traitements au maximum.
Isabelle Perraud à constaté comme Franck et IRIS que les vignes BIO, bien équilibrées craignent beaucoup moins les maladies, je l'ai aussi constaté mème si je ne prétends aucunement au statut de BIO.
Bonsoir,
Le "Qu'en penses tu?" ne m'ait pas destiné mais je réponds quand même!! Je suis totalement d'accord sur le fait qu'il faille renforcer la plante plutôt que que de chercher à détruire le champignon.Et d'accord aussi qu'une plante plus résistante produise un raisin plus résistant et plus complet qui n'a plus besoin de substances pour compenser ses faiblesses comme tous les produits oenologiques et le SO2...
Un jour, un vigneron est venue "m'agresser" sur un salon, en me disant " un vin sans soufre, c'est impossible"...Je lui ai simplement répondu qu'avec ses raisins peut être pas, mais qu'avec les nôtres, c'etait possible...
Rédigé par : Perraud Isabelle | 10 mai 2009 à 22:00
Franck, sans vouloir te voler dans les plumes, mais je trouve, qu'à attendre le jour, où la vigne serait tellement forte, qu'elle se défend de tout toute seule, et cela dans un environnement, qui a subi sur tous les plans l'influence de l'homme depuis des siècles, que cela soit sur le climat global, la flore et la faune - sans parler des monocultures, des clones et tout ce que tu ne peux plus rayer de la carte, c'est quand même fermer les yeux devant la réalité de notre travail de tous les jours.
Oui, il y a les nouvelles obtentions de cépages , qui résistent au champignons (on les appelle PIWIs en Allemand: Pilzwiderstandsfähige Rebsorten), tu trouves quelques infos sur les recherches ici:
http://www.itab.asso.fr/downloads/actes%20suite/hybrides-aivb-jt-die-nov08.pdf
Mais cela me semble difficilement consolable avec la tradition Française de cépages nobles, la notion de terroir et le système AOC...
Rédigé par : Iris | 10 mai 2009 à 19:20
Merci encore, d'avoir lancé la discussion, Jean-Paul. Et attention: il ne faut pas me classer dans les "Bios" - je ne suis pas une Bio certifié par un organisme d'état payant et contrôlé par ses employés. Donc j'essaie, de ne jamais utiliser cette marque commerciale protégé et bien encadré par la loi dans mes communications:-)!
Cela m'oblige de parler de méthodes "naturelles", sans d'intrants autre que soufre et cuivre à basse dose à la vigne, si nécessaire - de simplement être le plus transparent possible sur ce que je fais à la vigne et au chai.
Mes "méthodes" trouveront grâce auprès des contrôleurs Ecocert, mais il sont, comme tu sais, plutôt vieux jeux, du "traditionnel", avant que ce mot soit aussi galvaudé par le glissement vers le tout chimique, apporté par les conseillers agricoles et les représentants de l'industrie phytosanitaire...
Rédigé par : Iris | 10 mai 2009 à 13:29
Ta remarque est bonne !
La question est "Lorsque des spores d'oïdium sont diffusées dans l'atmosphère, pourquoi certaines vignes deviennent sensibles et d'autres non ?"
C'est pour répondre à ce type de question qu'on a besoin d'une vraie recherche sur la protection des cultures.
On ne trouvera jamais de solution en voulant éliminer les spores d'oïdium. Les traitements, même avec voûte pneumatique et tout, ne peuvent atteindre 100% de la surface du feuillage. Une simple feuille bloquée contre un piquet de vigne ne peut être intégralement protégée.
Certes, pour limiter les risques liés aux trous laissés dans les traitements, il y a les systémiques; mais leur effets secondaires indésirables sur la plante en font des soins à utiliser en dernier recours.
On en revient au départ: par quel mécanisme certaines vignes arrivent à contrer la pression de la maladie à faible dose de soufre alors que d'autres n'y parviennent pas à grande dose de soufre ou de substance de synthèse ???
Il nous faudrait une recherche qui prenne la vigne de manière globale: historique du parcellaire, travaux avant plantation, fertilisation depuis 50 ans, emploi d'oligo-éléments régulateurs ou non, désherbage, travail du sol, et soyons fous la psychologie de la vigne ? :-)))
Est-ce que cela sera possible, je n'en sais rien.
En tout cas, quand certaines personnes ont une gastro, tout le monde ne l'a pas.
Il y a forcément chez la plante qui développe l'oïdium une faiblesse que les autres n'ont pas si elles résistent à la même pression avec le même mode de protection.
Bref, pour sortir de ces maladies qui semblent inéluctables aux vignerons, il faudra un jour comprendre comment renforcer la faiblesse de la vigne qui la rend sensible aux maladies plutôt que de chercher à détruire le champignon qui montre cette faiblesse... et on peut croire qu'une vigne moins faible sera en mesure de donner un vin plus intéressant; alors qu'une vigne bombardée de substances qui compensent ses faiblesses donnera des vins plus faibles (notamment sensibles aux déviations, à l'oxydation, ou manquant d'acides naturels pour son vieillissement et son équilibre).
Qu'en penses-tu ?
Franck
Rédigé par : Franck PASCAL | 10 mai 2009 à 13:20