je m'interrogeais hier sur la difficulté de conduite des vignes en culture Bio. et j'établissais une comparaison "fallacieuse" entre l'apparence de vignes Bio et et l'apparence de vignes en culture raisonnée, photos à l'appui.
Les commentaires ont jailli en réponse à ce qui a été perçu comme une provocation et je m'en excuse.
Tout d'abord donc pour répondre à un souhait d'un lecteur voici deux photos de vignes conduites en Bio: une vigne palissée assez récente et une plus ancienne en gobelet labourée au cheval et travaillée par une main-d'œuvre abondante et qualifiée. Alors bien sûr les conclusions que j'en tire ne sont valables que pour moi, pour mes vignes sur le même terroir.
Je pourrais aller voir les vignes magnifiques de IRIS mais le contexte est bien différent:
Iris ne verra pas de mal à ce que je montre la photo de ses vignes
copiée sur son blog qui montre l'isolement du domaine qui craint peu les contaminations et subit principalement la menace des sangliers.
La situation me semble idéale pour cultiver en BIO et d'ailleurs c'est probablement la seule solution pour permettre à une Vigneronne de dégager de quoi vivre dans ces conditions difficiles d'exploitation et une surface restreinte.
Si vous êtes intéressé par ce débat; ne manquez pas de lire les commentaires assez passionnés des BIO et non BIO. Voici le dernier qui m'est parvenu, particulièrement bien argumenté mais ne manquez pas les autres aussi, tous m'ont fort intéressé et retiendront votre attention, j'en suis sûr.
Quelques commentaires de lecteurs et tout d'abord FRED:
C'est vrai qu'en regardant les images et en les comparant,y a pas photo... Pourquoi les jeunes vignes ne portent-elles pas les symptômes de la sécheresse? Les feuilles du bas ont été enlevées lors de l'effeuillage (jusqu'à la cinquième feuille) et par conséquent les feuilles jaunies et partiellement sèches ont été retirées, mais en y regardant de plus près... Pourquoi la jeune vigne a-t-elle une coloration vert foncée?(qui plait à de nombreux viticulteurs)Cette coloration est dûe a l'apport d'engrais(surtout azoté), à plus on en met à plus c'est vert foncé..à plus les feuilles sont grosses et à plus les sarments sont gros et à plus on a de raisins... ce que la plante n'absorbe pas, part directement dans nos nappes phréatiques et rivières... Les grappes de la jeune vigne sont nombreuses, surtout quand on sait que le propriétaire en a fait tomber environ la moitié... Les photos prises dans la vieille vigne ont été réalisées sous un certain angle (le pire), néanmoins, cette vigne a une production régulière( environ 20 HL/HA) ce qui n'est pas si mal pour une vigne à l'agonie... On peut toujours douter de l'avenir de l'agriculture biologique en viticulture, c'est oublier que ces façons culturales nous viennent de la nuit des temps et par conséquent ont largement fait leur preuve. Nous commençons aujourd'hui à entrevoir les conséquences de la pratique de l'agriculture conventionnelle: pollution de toutes sortes (90% des eaux de surfaces sont polluées par des pesticides,60% des eaux souterraines sont polluées par des pesticides, chiffre qui augmentera dans les années à venir quand on sait que le cycle de l'eau est d'environ 20 ans...) Les vins sont également pollués par ces mollécules comme le démontre cette récente étude réalisée par le PAN (la plupart des vins en conventionnel renferment plus de résidus de pesticides que le maximum autorisé dans l'eau potable...) On retrouve des pesticides dans l'atmosphère jusqu'à plus de 8000 mètres d'altitude. Des études réalisées sur des foetus ont montré que ces mêmes foetus étaient contaminés par des pesticides... La pratique de l'agriculture conventionnelle engendre à terme une stérilisation des sols(voir les travaux de CLAUDE BOURGUIGNON) J'oublie certainement de nombreuses conséquences néfastes qui peuvent être directement reliées à la pratique de l'agriculture conventionnelle. Nous, vignerons, ne pourrons pas dire que nous ne savions pas; en espérant que chacun assumera ses responsabilités...
Nom du commentateur: Fred
- Email du commentateur: [email protected]
Bon article, très interressant, je vous félicite vivement pour votre blog.
je vous souhaite une bonne continuation et longue vie à votre site
à bientôt
frank
Rédigé par : idées cadeaux | 07 septembre 2008 à 22:11
Loin de moi l'idée d'opposer Pierre à Paul d'autant plus que comme je le dis dans mon post la vigne en Bio exige un travail plus considérable et plus technique qui mérite le respect. Ce qui m'intéresse c'est de comparer les différentes méthodes culturales au niveau des résultats pour adopter et promouvoir les meilleures. Alors évidemment la première difficulté réside dans le choix des critères d'évaluation:
Si l'on place en premier les critères organoleptiques, les conclusions ne seront sans doute pas les même que si l'on retient en premier les critères économiques.
Par exemple, jusque dans les années 70, un ouvrier agricole, un émigré Espagnol comme j'en ai connu pouvait accéder à la propriété d'une exploitation en exerçant une double activité de salarié et de fermier sur quelques vignes. En quelques années il bénéficiait de " l'ascenseur social "passant du statut de tâcheron à celui de fermier puis de propriétaire exploitant et vivant dans une relative aisance avec 8 hectares de vigne en étant COOPERATEUR, sans investissements considérables, en pratiquant le seul métier de vigneron.
En 2008, un coopérateur à un revenu brut de sa coopérative souvent inférieur à 1500€ / hectare par an et des frais d'exploitations toujours supérieurs. C'est la PAUPERISATION l'abandon des vignes, l'arrachage, le départ, la perte d'indépendance. Pour dégager un revenu à peine suffisant pour vivre très chichement un vigneron doit obtenir un rendement supérieur à 40 hectos/hectare et cultiver plus de 12 hectares de vigne.
En me limitant à ma seule exploitation je constate qu'en m'approchant des méthodes Bio sur une partie de mes vignes par le choix des produits phyto., le choix des fumures organiques, l'enherbement, les labours, mes rendements sont passés de 40 hectos/hectare à 27 pour l'année 2007.
Alors, je m'interroge et je doute. Peut etre je fais de grossières erreurs mais je vois que sur le meme terroir mes vignes ressemblent de plus en plus aux vignes BIO et obtiennent les rendements comparables.
Rédigé par : prevert | 22 août 2008 à 10:58
j'allais poster un commentaire auquel j'avais eu le temps de réfléchir ce matin, en vendangeant quelques ares de muscat (qui vont très bien, merci, malgré ce que d'aucuns appellent "maltraitance", 25 hl/ha à près de 13°), mais je vois que Fred a déjà dit l'essentiel, à savoir : est-on bien sûr que l'agricuture dite "conventionnelle" voire "raisonnée" aura un ausi long avenir que la "bio"? la "bio" a nourri notre planète pendant plusieurs (dizaines) de milliers d'années, peut-être mal et de façon insuffisante, mais en tout cas de façon durable.
Je pense aussi que nous faisons tous le même métier, et je ne crois pas que ça avance à grand chose d'opposer Pierre à Paul, les bios aux non-bios.
Et qu'enfin, on pourrait faire une comparaison tout aussi fallacieuse et très peu favorable à la viticulture "raisonnée" sans chercher très loin dans le département.
Sur ce, bon courage pour ces vendanges qui commencent...
Rédigé par : jacques | 21 août 2008 à 22:37